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LA VOLEUSE DE LIVRES de Markus Zusak

Couverture de la voleuse de livres  « Quand la mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l’écouter! »

  L’histoire se passe en Allemagne durant la seconde guerre mondiale et raconte la vie de Liesel, une fillette allemande placée avec son frère en famille d’accueil. Malheureusement, son frère meurt. Lors de l’enterrement, l’un des croquemorts perd un livre que Liesel ramasse et garde. Elle ne sait pas lire, mais c’est un bien précieux pour elle. L’adaptation dans sa nouvelle famille est difficile, mais, petit à petit, elle se sociabilise et se prend d’affection pour son père de substitution qui joue de l’accordéon et lui fait la lecture tous les soirs. Ainsi naît une formidable complicité entre eux. Elle s’intègre à la vie du village et Rudy  devient son ami inséparable. Liesel intègre la jeunesse hitlérienne obligatoire; elle y côtoie des fanatiques.

 Un jour, sa famille décide de cacher dans sa cave un jeune juif. Il y restera un an jusqu’au moment où il dut partir, le risque étant trop fort. Le désir d’aider les  prisonniers a été source de souffrances et de brimades. Qu’importe! Lors des bombardements, toute la rue se rassemble dans une cave où Liesel, passionnée de  mots, apporte avec elle son seul trésor, les livres volés ou reçus. Elle se met à faire la lecture à un enfant terrorisé. Tout le monde se tait pour l’écouter. La  lecture devient un rituel, une source de bien-être pour tous.

 Le narrateur apparaît chaque fois qu’il vient chercher une âme. La dernière qu’il viendra cueillir est celle de Liesel, alors vieille dame.

 Les mots ont une importance capitale dans ce beau récit. Prenez le risque, même face à la mort…

 Véronique GIRAULT.

Amélie Nothomb « Barbe bleue »

  Elle, Saturnine. Lui, don Elemirio.

Deux mondes que tout oppose. Tout est dit ou presque…

Une rencontre à huis clos haletante où les deux protagonistes se livrent à de succulentes joutes oratoires. Le tout arrosé de champagne exquis!

 

Amélie Nothomb signe son vingt et unième roman et ses vingt ans d’édition par la même occasion. Remettant au goût du jour le conte de Charles Perrault, la mystérieuse chambre noire se substitue au petit cabinet, et la doublure « jaune asymptotique » de la jupe à la vaisselle d’or et d’argent.

Trinquons à l’omniprésence d’ absurde, de principes amoraux et de narcissisme intellectuel ! Ainsi désarçonné, le lecteur se sent condamné à ne pas refermer ce livre une fois ouvert. Amélie en a déjà trop dit… C’est là tout le génie d’une écriture qui nous ensorcelle.

Guy de Maupassant « Boule de suif »

 

Boule de suif, fille de joie, est désirée par un soldat prussien, au cours d’un voyage en diligence. Ayant le sens de l’honneur patriotique, celle-ci ne veut pas céder. Le Prussien décide de retenir les voyageurs. Un pique-nique improvisé s’organise: mets raffinés bourgeois et victuailles campagnardes sont mis en commun. Les classes sociales sont abolies. Contrainte moralement par ses compagnons de voyage à céder aux avances du Prussien, Boule de suif, bonne fille généreuse, se sacrifie. Devenue inutile, elle est de nouveau méprisée; le rang social reprend ses droits, et Boule de suif pleure de honte.

 

Guy de Maupassant n’avait aucune illusion sur ses semblables. La vie était pour lui sans valeur. Il rejoignait en cela, le pessimisme de Baudelaire.

 

Éliette Abécassis « Sépharade »

 

Sépharade modifié SepharadeAvec Éliette Abécassis, nous entrons dans le cercle des Juifs séfarades*. Qui sont-ils? Chassés d’Espagne en 1492, par l’Inquisition, ils se sont réfugiés au Maroc. Lors de la création de l’état hébreu, en 1948, attirés par la terre promise, ils ont émigré par vagues. Mais Ben Gourion et Golda Meir, ashkénazes*, les détestaient. Les gouvernants, en lutte contre les Arabes, craignaient de ternir l’image occidentale du pays. Parqués en plein désert, ces juifs marocains se sont révoltés contre leur dure condition sociale en 1959. En France, au contraire, leur image joyeuse leur permettait de relever la tête. Les Séfarades sont attachés par des liens puissants avec leur famille; le sentiment de culpabilité est privatif de liberté. Leur parole est liée au temps qui passe. Ils sont conscients que l’armée israélienne, en assurant la survie du peuple juif, offre une solution de repli aux juifs de la diaspora. « Écoute, Israël… L’achèvement de la quête spirituelle, c’est la libération de l’être dans la lumière et la vérité » dit la Bible. Mais où sont les origines de la laïcité? La pensée laïque vient des marranes*, dont Montaigne est l’illustre représentant. Les marranes, ou juifs convertis de force ont développé un relativisme humaniste, éloigné de la pensée dogmatique.

Le livre d’Éliette contient toutes ces réflexions. Je n’ai jamais tant appris sur les Juifs qu’en lisant la Bible… et les livres d’Éliette! Je vous remercie pour ce livre, Éliette. Vous m’avez fait vivre en compagnie des Sépharades, et ce fut un moment de bonheur!

* Les séfarades (parfois orthographié sépharades) étaient des juifs originaires du pourtour méditerranéen parlant le ladino. Ils durent quitter la péninsule Ibérique au XVe  siècle.

* Les ashkénazes étaient des juifs originaires des pays d’Europe centrale, orientale et septentrionale. Avant la Shoah, ils représentaient 90% du nombre total des juifs et parlaient, concurremment avec la langue de leur pays de résidence, le yiddish.

* Les marranes étaient des juifs d’Espagne ou du Portugal convertis de force au catholicisme; ils continuaient à pratiquer en secret leur religion.

 

 

 

 

 

 

 

 

Hema Marcherla « La brise qui monte du fleuve »

Neela est une jeune indienne qui vit dans le village de Gangapur. Ses parents aimants organisent par tradition son mariage arrangé avec Ajay, un indien de Londres, qui ignore ostensiblement sa fiancée.

Débarquée dans la capitale anglaise, les rêves de Neela d’un possible amour naissant s’effondrent. La voilà à la merci de sa belle-famille et de son mari ivrogne, brutal et volage.

Au bord du gouffre, elle saisira son indépendance par le travail malgré ses démons qui ne cessent de la hanter.Neela réussira à s’affranchir et à goûter à la liberté d’exister et de penser.

Sur les rives du Manjira, la brise lui apportera le souffle de vie qu’elle avait tant cherché.

Très beau livre où se mêlent la poésie de l’écriture et le caractère inéluctable des évènements. Les sentiments  à fleur de peau oscillent entre le désespoir et le désir de liberté. La brise  du fleuve nous emporte dans un tourbillon d’espérance. Premier roman prometteur.