Oskar Schindler
TÉMOIGNAGE
En janvier 2013, Leon Leyson, le plus jeune juif survivant de la liste de Schindler, est mort. Il a fait partie des 1 100 juifs sauvés par Oskar Schindler lors de la Seconde Guerre mondiale. Polonais, emprisonné à 10 ans dans le ghetto de Cracovie avec ses parents, Leon, de son vrai nom Leib Lejzon, est transféré en 1943 vers le camp de travail de Plaszow. Il raconte que « c’était l’enfer sur terre. Mal nourris, nous étions épuisés, nos corps à l’article de la mort ». Un jour, les nazis viennent avec une liste de noms établie par O. Schindler. Cet industriel allemand nazi les a convaincus d’installer ces travailleurs dans son usine. Leon découvre son nom rayé sur la liste et parvient à persuader l’officier allemand qu’il s’agit d’une erreur. C’est ainsi qu’il sera sauvé, en travaillant dans l’usine d’armement. Après la guerre, Leon émigre aux États-Unis avec ses parents, deux de ses frères ayant été tués par les nazis. En 1974, il revoit Schindler qui le reconnaît : « Je sais qui tu es. Tu es le petit Leyson. »
Avant de mourir, Leon Leyson a pu raconter sa vie dans un livre, L’ENFANT DE SCHINDLER.
OSKAR SCHINDLER, JUSTE PARMI LES NATIONS
Au début de la guerre 39-45, Oskar Schindler est un industriel allemand catholique, membre du parti nazi. Il exploite des fabriques de céramique saisies à des juifs en Pologne. Il va profiter de ses bonnes relations avec le chef de camp nazi Amon Göth, pour employer gratuitement des prisonniers juifs du camp de Plaszow, au sud de Cracovie. Il « loue » donc en quelque sorte ces juifs, et les aide plus par intérêt économique au départ.
Peu à peu, interpellé par leur sort, il choisit de prendre parti pour eux et sauve donc de la déportation les ouvriers juifs qui travaillent dans son usine. Il falsifie les registres sur l’âge et la profession de ses ouvriers afin de faire valoir aux nazis que cette « main-d’oeuvre qualifiée » est essentielle à l’effort de guerre. Il réussit à maintenir l’hygiène menacée par le typhus et assure à tous une alimentation suffisante. Bien que les journées de travail soient longues, personne ne mourra d’épuisement dans son usine.
Mais en 1944, son usine ferme. Il parvient à la transférer à Brinnlitz, en Tchécoslovaquie où il réinstallera ses ouvriers qualifiés, mais cette fois en tant qu’usine de fabrication d’obus. Pour accélérer les opérations, l’industriel multiplie une fois encore les pots-de-vin, aidé de son comptable juif, Itzhak Stern, et de sa femme Émilie. Le 15 octobre 1944, environ 800 hommes juifs quittent le camp de Gross-Rosen et 300 femmes juives d’Auschwitz, au bord de l’épuisement, les rejoindront. L’usine de Brinnlitz a été équipée, une fois de plus, aux frais de Schindler qui déboursera chaque jour 7,5 reichsmarks par ouvrier « hautement qualifié », et 6 pour les autres. Contre toute attente, l’usine de Brinnlitz ne produira pas un seul obus utilisable. En effet, Schindler anticipant et souhaitant la défaite allemande freine la production sous prétexte de « problèmes techniques ». En fait, il laisse faire les sabotages commis par ses ouvriers sur les machines-outils et les fours de moulage. Menacé de contrôles par ses concurrents, il berne les délégués de l’inspection de l’armement en leur offrant des largesses de cognac, de cigarettes et de repas pantagruéliques.
Après la guerre, Schindler est ruiné, et devient fermier en Argentine. Il reviendra en Allemagne en 1958 et tente en vain de se relancer dans l’industrie. Il se tiendra toujours au courant de la vie des personnes qu’il a sauvées. En 1967, il obtient le titre de « Juste parmi les Nations » par le Mémorial de Yad Vashem. Il meurt en 1974 et est enterré, selon ses dernières volontés, au cimetière orthodoxe de Jérusalem en présence d’une immense foule venue lui rendre un dernier hommage.
Oskar Schindler inspira l’écrivain Thomas Keneally qui écrivit « La liste de Schindler » en 1982. Ce roman fut adapté au cinéma par Steven Spielberg en 1993. Son film fut un triomphe, couronné de 7 oscars, et permit de révéler au monde entier un homme juste et bon qui lutta avec ruse contre l’horreur nazie.