La volonté de « donner le goût de lire » anime l’association Lire et Faire Lire. Des bénévoles de plus de 50 ans tissent des liens intergénérationnels avec les enfants qu’ils rencontrent au cours de leurs séances de lecture. Ils sont accueillis par des groupes de six ou sept enfants dans les crèches, les écoles maternelles et primaires, les collèges, les maisons de quartier, les bibliothèques et les centres de vacances. Autant de lieux propices aux découvertes d’histoires où l’imagination fertile se libère. Nos lecteurs en herbe sont tour à tour attentifs, amusés, médusés parfois et câlins bien souvent. Des mamies et des papis, c’est toujours bon à embrasser ! Chacun a ses rituels d’entrée en lecture avec des marionnettes, des chansons, des poèmes, des images à toucher ou même à sentir. Tous les bénévoles de l’association vous diront qu’ils reçoivent beaucoup plus qu’ils ne donnent. Grâce aux enfants et à leur affection, le lien social s’en trouve renforcé.
Pour ne pas être démunis face à la réalité du terrain, Lire et Faire Lire propose des formations à leurs protégés. Des spécialistes des livres jeunesse les informent sur les publications, une comédienne leur apprend la lecture à voix haute, des sociologues et psychologues les aident dans leur relation avec les enfants, des types de lecture comme la poésie et le conte sont abordés, des auteurs et illustrateurs leur expliquent la force de l’image qui enrichit le texte et invite au voyage. Autant d’approches techniques et humaines permettant de développer le plaisir de lire pour nos chers petits, et pas seulement. Ce travail d’équipe avec lesenseignants, parfois autour d’un thème tel que le cirque ou les quatre saisons, participerait au développement du vocabulaire, à l’aide à la concentration, à la présence de livres à la maison, et surtout à l’ouverture au monde. Un monde où une place leur est réservée avec un avenir rieur.
Alexandre Jardin, romancier et co-fondateur de Lire et Faire Lire en 1999, croit de toutes ses forces à ce programme intergénérationnel mis en œuvre par la Ligue de l’Enseignement et l’Union Nationale des Associations Familiales (UNAF). Soutenue par un comité d’écrivains et développée par des coordinateurs dans chaque département, l’association n’a pas attendu « des solutions venues du ciel », mais s’est emparée du pouvoir d’agir dans nos quartiers, nos campagnes, pour que le plaisir de lire se transmette entre anciens et plus jeunes. Ainsi, A. Jardin s’exprime avec passion : « Lisons par gourmandise et non plus par obligation, remplissons les enfants de mots. Au-delà des livres, ce sont les histoires que nos bambins aiment. Nourrissons-les. »
Dans la Marne, portée par plus de 250 bénévoles offrant du plaisir à plus de 8000 enfants, l’association Lire et Faire Lire en plus des histoires a des projets plein la tête ! Lancée en 2007, l’opération « Un enfant, un livre » se poursuit avec pour thème cette année, les dérivés de contes (ex. Chapeau rond rouge de G. de Pennart dérivé du Petit Chaperon rouge de C. Perrault) et les contes étrangers. Les enfants exposent les illustrations de leurs lectures et se voient offrir de beaux livres. Une campagne de communication intitulée « Un livre pour Noël » sera menée pour inciter les comités d’entreprises, les librairies, les fédérations de parents, à mettre un livre dans la hotte du père Noël. En lien avec des associations solidaires, la lecture se déclinera en plusieurs langues et se rendra accessible aux gens du voyage sédentarisés. L’association sortira des écoles pour rejoindre d’autres lieux culturels, le Palais du Tau à Reims et la maison de la poésie, centre de créations pour l’enfance, à Tinqueux. « Nous avons aussi à cœur de nous développer en zones rurales et de partir à la recherche de nouveaux bénévoles » me confiait Claire Métréau, présidente de Lire et Faire Lire 51. Que ceux qui me lisent n’hésitent pas !
Enthousiasmée par cette jolie rencontre, je me remémorais mes lectures d’enfance et me souvenais de moments privilégiés que je partageais avec mes grands-parents devant l’émission « des chiffres et des lettres ». Nous faisions « danser » ensemble les lettres en farandole avant qu’elles ne deviennent, en un tour de magie, des mots. Pour rien au monde, nous ne manquions ce partage générationnel et ludique dont seuls les mots avaient le secret.
Marie-Agnès de Francqueville, écrivain public.