Ce matassin, plus fréquentable qu’un spadassin, n’a point le tracassin d’un crapoussin.
Me voilà sous le charme des mots qui tempêtent et virevoltent frénétiquement.
S’il semble cousiner avec le fantassin d’infanterie et le marcassin de la laie,
le matassin danse tel un bouffon sans mocassins.
Ce nom masculin prendrait sa source de l’italien mattaccino, le diminutif péjoratif de matto désignant un fou ou un toqué.
Une autre source de l’arabe moutawajjihin métamorphose le matassin en une personne masquée.
Mais l’espagnol a encore son mot à dire en clamant son étymologie des verbes matar et fingir signifiant tuer et feindre. Par contraction, le matafin devient ce matassin qui imitait l’ancienne danse grecque guerrière en feignant de se blesser et de tomber pour mort.
Ce matassin fantasque était autrefois, au Moyen Âge, un danseur bouffon dont le costume traditionnel s’accompagnait parfois de corselet, de sonnettes et autres casque doré, épée et bouclier.
De danseur à médecin, il n’y a qu’un pas de danse pour le matassin considéré parfois comme un médecin bouffon.
Se livrant à des chorégraphies excentriques, les matassins exerçaient le métier, pas si facile, de bouffon de cour. S’échinant à divertir la cour du roi, le matassin touchait à tout, de la danse à la chanson tout en racontant de drôles d’histoires. Il bénéficiait alors du respect, voire de l’affection de son Seigneur.
Dans sa comédie de Monsieur de Pourceaugnac écrite au XVIIe siècle, Molière invite des matassins et des musiciens à danser et jouer pour enivrer le gentilhomme :
« Allons, chantez, dansez, riez; et si vous voulez mieux faire, quand vous sentez approcher le délire, prenez du vin, et parfois un peu, un peu de tabac. Allons, gai, Monsieur de Pourceaugnac!»
Si un jour la mélancolie se penche sur vous, un petit conseil :
déguisez-vous en matassin, dansez et surtout, ne vous prenez pas au sérieux !